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LCA Métiers du grain : « Nous risquons un décrochage massif »

Catherine Matt, directrice, et Antoine Hacard, président de La Coopération agricole Métiers du grain, mercredi 24 septembre, à Paris.

Antoine Hacard, président de la section Métiers du grain de La Coopération agricole, a fait montre, mercredi 24 septembre, de l’état de fragilité actuel des coopératives céréalières, tout en saluant la fin de la séparation conseil et vente ainsi que les rapprochements en cours.

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« Depuis février 2022, notre secteur est durablement perturbé par le conflit russo-ukrainien, qui génère notamment une hausse du coût des engrais », s’alarmait Antoine Hacard, président de La Coopération agricole Métiers du grain, lors de la conférence de rentrée de la section, mercredi 24 septembre. Par ailleurs, le changement climatique est à l’origine de rendements plus fluctuants. La seule campagne 2024 a coûté 300 M€ aux coopératives métiers du grain, réduisant les niveaux de fonds propres et fragilisant les trésoreries.

« Cela fait trois ans que l’agriculture céréalière ne gagne plus d’argent, reprend-il. On est en très grande difficulté. Les coopératives sont exposées à un triple risque : trésorerie, solvabilité des adhérents et performance opérationnelle. Si nous ne réagissons pas rapidement, nous risquons le décrochage massif des coopératives », lesquelles représentent 70 % de la collecte française de grains.

Sécuriser l’accès aux engrais

Face à cela, LCA Métiers du grain exige un « véritable choc d’investissement », en particulier pour accompagner son plan de modernisation des installations, Infrastructures 2030. Ce projet a d’ailleurs quasiment abouti, il reste à estimer le besoin en financement à l’horizon 10-15 ans et à faire inscrire le programme dans un guichet de l’État. Et pour soutenir les investissements des coopératives, « les réarmer en fonds propres », La Coopération agricole va lancer début 2026 le fonds Coop Agri, doté de 300 M€.

Enfin, la section demande un certain nombre de mesures concernant les engrais : levée des taxes antidumping, suspension des droits de douane sur plusieurs engrais clés, moratoire sur le MACF (mécanisme d’ajustement carbone aux frontières) prévu pour démarrer au 1er janvier 2026, soutien public envers les engrais décarbonés, en particulier le projet FertigHy.

Séparation : pas encore au bout du processus législatif

Côté phytos, LCA Métiers du grain a reconnu comme une « véritable avancée » la fin de la séparation du conseil et de la vente. « On va pouvoir retracer l’ensemble de nos conseils auprès de nos adhérents », s’est félicité Antoine Hacard. Ceci dit, « nous ne sommes pas arrivés au bout du processus législatif car il reste trois décrets et un arrêté à rédiger puis à publier. Mais pour l’instant, on n’a pas d’interlocuteur autour de nous. On est dans un moment de flottement. »

Dans tous les cas, la section demande une application stricte de la loi, un conseil phytosanitaire non obligatoire, sans fréquence imposée, et pas de contraintes supplémentaires sur les modalités de facturation (prix, formules, formats). « Concernant la prévention des conflits d’intérêts, nous allons rédiger un guide de bonnes pratiques pour les coopératives. Une facturation séparée a été proposée par le législateur, c’est un premier point pour les empêcher. »

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